Quelques pistes pour penser le coaching
En France, le coaching est apparu au début des années 1990. Entre 2015 et 2019, le nombre de coachs en France aurait augmenté de 33 % [selon l’International Coach Federation (ICF)]. Cela semble s’être accéléré depuis. Les coachs ont des formations très variables : sous forme de compléments universitaires ou dispensées dans des instituts privés plus ou moins réputés. Aujourd’hui, tout individu peut se définir coach après avoir suivi une formation à distance d’une durée de trois mois. Les coachs constituent désormais une profession particulièrement disparate.
Dès les années 80, le sociologue Robert Castel a défini le coaching comme l’un des avatars de l’emprise du néolibéralisme. Le coaching ne cessa de susciter depuis des critiques négatives nourries de la part des sociologues, des philosophes, des psychologues. Les psychanalystes Gori et Le Coz (2006), y voient « un système de contention sociale et de domestication sécuritaire ».
« En mettant l’accent sur la responsabilité individuelle et sur le développement et l’épanouissement personnels, le coaching apparaît non seulement comme une caisse de résonance des angoisses existentielles contemporaines qui pèsent sur les cadres en raison des exigences productives et organisationnelles, mais aussi, paradoxalement, comme un facteur de leur renforcement » [Scarlett Salman (2019)] pourrait-on se demander si le coaching participerait, au moins à son insu, à une vaste opération de camouflage d’une moderne servitude librement consentie ? Elle le serait alors sous les oripeaux d’un bien-être prescrit au travail, que chaque individu serait responsable d’assurer et d’entretenir pour son propre compte (Le Garrec, 2021).
Dans leur introduction (de la NRP n° 34), les auteurs rapportent ainsi leurs investigations : « la pratique des coachs se révèle nettement plus ambiguë, labile et ondoyante que ce qui en est présenté officiellement. Cette indétermination peut alors être source de réponses créatives aux enjeux personnels et professionnels du monde contemporain, mais aussi d’impasses subjectives et sociétales ».
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Érès | « Nouvelle revue de psychosociologie » 2022/2